jeudi 22 février 2007

3ème partie



Pour Schany, Rahel, Shyrel et Shelly


Cet oiseau va alors revenir en portant dans son bec une racine nommée « la racine du diable » qui a l’admirable propriété d’ouvrir l’armoire de la genizah qui contient le Siracide, mais elle peut aussi libérer le nid de tout obstacle.
Alors, allume un feu au-dessous de l’arbre avec des herbes odoriférantes (thym, menthe, romarin….), l’oiseau va prendre peur et laisser tomber la racine que tu ramasseras rapidement, et que tu feras sécher ».
Les fidèles discutèrent encore longtemps, puis se séparèrent.
Assis sur un des bancs de la Synagogue, Nathan, n’avait pas parlé mais avait écouté très attentivement toute l’histoire.

Autrefois, riche marchand de vins et grand donateur de la Communauté, la fortune lui avait tourné le dos, il était devenu un
« Traîne-misère », sa bonne humeur avait disparu et sa pratique religieuse tout autant !
Il devait au Rebbe de sa Communauté sa place de Chamash.
C’était un révolté, il avait épousé une mégère pleine de gahava, avide de querelles……

Une fille vigoureuse naquit chez ce couple, elle se prénomma Corava, et ni le venin du lait maternel, ni les friandises de son Père ne l’empoisonnèrent, elle devint très belle, très dévouée et très intelligente.

Pour résumer la vie de ce couple, Nathan était très malheureux chez lui, le Shalom était un mot inconnu à la maison et sa seule consolation était sa chère Corava et………..peut-être ce trésor !



Il attendit patiemment l’époque de Pessah, et, quand il aperçut la première hirondelle, il sut qu’il pouvait se lancer à la recherche d’un bouvreuil bleu, en se faisant aider par les enfants du Shtetl.



Les enfants malicieux se moquèrent souvent de Nathan, l’envoyant courir par monts et par vaux à la recherche de cet oiseau mythique, et quand il arrivait sur les lieux, il ne trouvait qu’un vulgaire nid de mésanges ou de corbeaux !
Cependant,un matin,un enfant moins espiègle que les autres découvrit le fameux nid perché sur un vieil hêtre mort,au milieu d’une prairie illuminée par les premières lueurs de l’aube.

Notre ornithologue amateur accourut pour valider cette trouvaille, mais comme cet oiseau était plutôt rare, il retrouva le goût de la prière et demanda secours à H.achem !
Il vit alors passer un paysan qui confirma le nom de l’oiseau, Nathan exultait, il ne lui restait qu’à trouver le tissu translucide et les herbes odoriférantes.


Fin 3eme chapitre.

Enoch Samsonovitch.5766

2ème partie



Pour Lior et Laura, enfants qui ne demandent qu’à être sages et compris

Le vieil Enoch termina son histoire dont le récit avait provoqué une forte impression.
Les plus jeunes se moquèrent de lui et ne lui assurèrent pas un Kavod :
« Vieil Enoch, tu as rêvé ! »
Les autres y crurent tout à fait.
D’autres, enfin, faisaient semblant de réfléchir et se taisaient.
Le Chamash de la Synagogue, Nathan, était un homme sensé ; dans un autre temps il aurait été qualifié de cartésien ; ce qui le préoccupait le plus était de savoir si le vieil Enoch avait été chercher ce trésor !

Il lui donna un autre verre de vin et lui demanda :
« Enoch, dis-nous si tu es allé chercher ce trésor ou si tu a imaginé cette apparition ? »
« Cette apparition a bien été réelle ; mais je n’ai fait aucun effort pour découvrir ce trésor »
« Et pourquoi ? »
« pour plusieurs raisons ;d’abord parce que je tiens trop à la vie pour la risquer dans une aventure où le satan a son mot à dire ;ensuite, parce que si H.achem avait voulu que je trouve ce trésor,je n’aurais pas eu tant d’efforts à faire car il est dit :
« Ce qui est trop merveilleux pour toi, ne le recherche pas,
Ce qui t’est caché, ne le creuse pas ! »

Et enfin parce que jamais personne n’a été capable de m’indiquer comment me procurer la Sagesse de ben Sira en langue originale ! »

Le Shamash en resta là, dubitatif.

C’est alors qu’un invité, le vieux Meir, se mit à parler :

« C’est bien dommage, mon très cher ami, que tu ais laissé tant de jours sans révéler ton secret ; si tu me l’avais raconté il y a quarante ans, je t’aurais indiqué comment trouver le recueil de Ben Sira et bien que tu sois trop vieux pour te lancer dans une telle aventure, je vais te révéler le moyen de trouver cette Sagesse !



Comme tu le sais, la Sagesse de Ben Sira, connu aussi sous le nom de Siracide se trouve dans une genizah de notre région ; cependant pour y avoir accès, tu dois accomplir une mitswa particulière dans des conditions précises :
Il s’agit du commandement se trouvant dans la Paracha Ki Tsétsé concernant l’obligation de renvoyer la mère si tu trouves un nid d’oiseau.
Tu devras repérer le nid d’un bouvreuil bleu au printemps.


Figure 1: bouvreuil bleu

Quand les œufs seront dans le nid et que la mère les couve,fait la partir et recouvre le nid d’un tissu translucide impénétrable,puis cache toi et attend le retour de la mère.
Dès qu’elle va s’apercevoir que son nid est inaccessible,elle tournera autour du nid en poussant des cris de détresse puis s’éloignera vers le soleil couchant.



Fin du 2eme chapitre.

Enoch Samsonovitch-5765

1ère partie



Avis au lecteur : J’ai entendu il y a plus de cinquante ans,le récit de ce conte de la bouche même de mon grand-père,que son Nom soit béni,je remercie l’Association Amida-Ima de me permettre de le transcrire.

A la mémoire d’Isaac assassiné
En l’honneur de Sarah, Yéochouah, Myriam, Yaacov et Morderai qui représentent l’avenir

C’était un temps où le Baal Chem Tov était sorti de prison, c’était un temps où un certain nombre de Tsaddikim cachés parcouraient les provinces.
C’était un temps où le monde Juif souffrait de deux types de maux : spirituel et matériel ; spirituel car la plupart d’entre eux étaient des êtres ordinaires, sans instruction, méprisés par la minorité instruite et ils souffraient matériellement car eux-mêmes ou leurs parents s’étaient enfuis devant les multiples pogroms cosaques.
Nous étions dans la petite ville de Sedlice et il y avait ce jeudi là, une réunion importante dans la Synagogue, puis il y eut une séouda en présence du Rebbe et toute la journée se passa en discours et en chants.
Les jeunes repartirent après Minha, mais les anciens restèrent et formèrent un cercle devant des coupes de vin.
Quand le vin eu délié certaines langues, ils commencèrent à parler de différents sujets ; les uns de météorologie, de leur jeunesse, des choses étranges vues ou entendues dans les forets ou sur les routes.
Ce soir là, le vieil Enoch était gai et bavard.
« Mes amis, vous avez beaucoup parlé de vos aventures qui sont toutes fascinantes et qui doivent sans doute à cet excellent vin, mais je connais une histoire qui m’est arrivée dans ma jeunesse et qui vous paraîtra sans doute insensée ! »
Il s’établit alors dans la salle un silence aussi profond que si le Baal Chem Tov avait prononcé une dracha.



« Au début, ma jeunesse a été très dure. Orphelin, abandonné de tous, j’allais de porte en porte, de shtetl en shtetl pour m’instruire et manger.
Quand je fut grand et robuste, j’entrais au service d’un berger et lui gardait ses moutons pendant quelques années.
Un soir, une dizaine de bêtes s’échappèrent et je partis à leur recherche.
Je m’égarais rapidement dans la foret et résolu de dormir sous un arbre.
Au milieu de la nuit,mon chien se mit à grogner puis vint se blottir contre moi ;je compris que quelque chose d’étrange se passait et m’aperçu qu’il y avait en face de moi un homme gigantesque dont le corps était luminescent. Sa barbe descendait à terre et ses peiotes flottaient au vent,il tenait dans ses mains un rouleau de Torah éblouissant.
Je tremblais de l’intérieur de tout mon corps, il me fit signe de le suivre mais j’étais pétrifié !
Alors, j’entendis une voix feutrée, parlant un Yiddish chatoyant me dire :
« Allons, peureux, un peu de courage. Je suis le gardien du trésor de Khust ; viens avec moi et tu en auras ta part. »
Bien que paralysé par la peur, je récitais le Chéma Israël et lui répondit :
« Loin de moi, satan, ton trésor ne m’intéresse pas. »
« Idiot, me répondit-il, tu néglige ta chance ! Eh bien, reste pauvre ta vie durant ! »
Il s’éloigna puis revint sur ses pas.
« Triple idiot, je peux te rendre très riche ! »
Je répondis :
« Il est dit Bien et mal, vie et mort, pauvreté et richesse viennent d’H.achem
Eloigne toi de moi »
Quand l’apparition vit que je ne voulais rien entendre, elle arrêta de m’ennuyer et me dit :
« Tu le regretteras ! » et il ajouta « Ecoute moi bien, et le jour où tu deviendras plus sensé ; tu sauras qu’un trésor immense se trouve caché dans la colline de Dobromysl. Je le garde depuis la destruction du second Temple, aujourd’hui je suis libéré de tout fardeau et il appartiendra à celui qui le trouvera ».
La créature me donna force de détails et il me semble encore entendre sa voix :


« Va vers la colline de Dobromysl, quand tu seras arrivé à un ruisselet du nom de Korah, remonte sa berge jusqu’à un petit Beth Hamidrach. Continue à marcher sur la rive gauche jusqu’à ce que tu remarques un rocher en forme de hallah tressée, à ce moment là, tourne ton regard vers une plaque de terre différente, qui a la couleur des pierres de Jérusalem.
Tu creuseras à cet endroit là, tu découvriras rapidement un mur de pierre, creuse toujours et tu trouveras une dalle en forme de maguen de David pourvue d’une poignée de fer.
Arrache la et tu seras proche du trésor, tu rentreras en rampant jusqu’à un grand escalier de six cent treize marches, descend le prudemment jusqu’à ce que tu débouche dans une salle à dix portes.
Neuf sont ouvertes, la dixième est fermée hermétiquement ; dirige toi vers celle-ci qui ne peut s’ouvrir qu’en énonçant une sentence de Ben Sira relatif à la richesse.
Dès que tu auras pénétré dans la salle du trésor, ne t’égare pas !
Oui ! L’ombre du Temple emplit la salle, la Ménorah est présente en ce lieu Qodesh mais ne songe même pas à y toucher !



Au milieu de la salle tu verras un grand coffre en peau de tanach, tu y trouveras à profusion de l’or et des pierreries.


Si tu remplis tes poches et ton sac, cela sera suffisant mais tu pourras revenir trois fois, la quatrième tu pourrais être puni de ton avidité et te rompre le cou dans l’escalier.
N’oublie pas de masquer à chaque fois tes traces ».
Alors, à ces mots, l’apparition disparu !

Fin du 1er chapitre.

Enoch Samsonovitch-5765